Pour beaucoup d’êtres insensibles au monde du ballon rond, les vacances peuvent prendre la forme de moments de repos où, à part bronzer sur du sable de toute façon trop chaud pour y poser un pied et donc se dépenser, il ne se passe pas grand-chose. A vrai dire, beaucoup de fervents supporters du sport au ballon de cuir font de même. Pour autant, la crise sanitaire nous ayant totalement privé des tribunes et plus largement du football, il n’était pas question pour moi de laisser passer une seule chance de voir un match. Voilà comment, borné que je suis, je me suis retrouvé à partir pour le Parc des Sports de Sauclières, terrain historique de l’AS Béziers mais surtout du Béziers Devèze Football Club, son prédécesseur.

 

Il faut dire que la partie sud-ouest de notre bonne vieille France n’avait pas encore rempli mes rétines de ses paysages lumineux, de ses corbières où les vignes semblent remplir les reliefs alentours et s’abreuver directement dans le bleu du ciel que l’on confond parfois avec la mer ou les étangs en contre-bas. Mais surtout, le sud-ouest ne m’avait pas encore offert la joie de découvrir une ville par le biais de son club, de son stade. Il m’aura fallut pratiquement un an de vadrouille pour que Béziers me donne la chance de pouvoir réparer cette omission.

 

 

Le Stade Raoul-Barrière, l’antre qui a vu la professionnalisation du club biterrois, est redevenu la chasse gardée de l’ASBH. C’est donc le Parc des Sports de Sauclières que je découvris ce jour-là, un stade totalement dans son jus et puant le populaire jusque dans le quartier dans lequel il se trouve. A quelques pas de la gare, des rails, des hangars techniques, de vestiges d’usines, le voici qui pointait le bout de ses projecteurs. A peine le pont traversé, les guichets aux couleurs de la ville donnaient du contraste au paysage, le rouge et bleu se démarquant avec force du gris pâle de l’enceinte du stade. Un peu plus loin sur ma gauche, un escalier menait à une porte. Cette porte était emmurée d’un côté et grillagée de l’autre. C’est depuis ce grillage qui fit le bonheur de quelques badauds bien contents de voir le match sans alimenter la caisse du club que je vis l’intérieur de ce stade transpirant les années 80. Pas de sièges, pas de numéros de place, rien qu’un toit au-dessus de la tribune principale pour, au cas-où, éviter la douche en cas de précipitations… Ou plutôt pour éviter la syncope alcoolique sous ce soleil de plomb dont les rayons perfides tapaient sur nos crânes déjà embrumés par la bière.

Quelques jours plus tôt, je m’aperçu que plus un seul groupe ultra n’existait du côté de Sauclières. Seul restait leur emblème au fin fond de la tribune, comme un tableau voué à l’oubli dans des archives poussiéreuses. Pourtant, il y avait bien là quelques personnes occupées à bâcher, à tambouriner, à chanter. Les ultras de Canet-en-Roussillon donnaient donc de la voix dans un stade où seules les interjections de quelques biterrois déçus de telle ou telle action résonnaient. Les Eagles, du nom de leur groupe, montraient donc que tel un phénix, le football français et sa culture tribune allait partiellement renaître après un coup d’arrêt long de plusieurs mois… Pour aujourd’hui se revolatiliser ?

 

 

Photos argentique et texte de Robert.

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Date27 août 2020
PhotographeMaximilien Boizard
VilleBéziers (Parc des Sports de Sauclières)
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