Vendredi 16 août, je profitais de vacances en Bretagne pour faire un arrêt au stand du Morbihan, ce beau département de la petite mer intérieure. Je découvrais alors Lorient et son stade du Moustoir où les Merlus allaient affronter le FC Sochaux-Montbéliard en début de soirée pour le compte de la 4ème journée de Ligue 2. Le match étant en début de soirée, j’ai eu suffisamment de temps pour apprécier les délices de la Bretagne du Sud et découvrir ce que cette ville aux cinq ports a de bien beau à offrir. Allez, monte à bord de Lorient Express et installe-toi bien confortablement, je t’emmène pour un beau voyage au Pays des Merlus.
Une andouille de Guémené
pour commencer la journée
Il est midi quand je décolle avec le frangin du camping de Lamor-Baden dans le Golfe du Morbihan. Nous avons une petite heure de route pour rejoindre Lorient en passant par Hennebont où nous récupérerons les clés de l’appart d’un poteau de la Divette de Montmartre. (Merci encore le Merlu !) À peine arrivés, nous cherchons rapidement de quoi nous remplir le gosier. Un truc bien local, rien que pour sentir une bonne andouille de Guémené glisser et se décomposer en lanières entre mes molaires, histoire de me rincer la bouche de tout ce merdier avec un bon cidre brut de la région. Mais le temps presse, cela fait très exactement 12 heures que nous ne sommes pas mis une miette de pain dans l’estomac alors ça commence à être compliqué de résister aux kebabs que nous croisons en chemin.
Heureusement, nous entendons parler d’une authentique taverne bretonne répondant sous le nom breton de Tavarn Ar Roue Morvan. « Passer à Lorient sans faire escale à la Tavarn ar Roue Morvan, c’est comme visiter Paris sans passer par la Tour Eiffel. Impossible de manquer ce lieu embléma.. ». J’ai même pas le temps de finir de lire la description des lieux que le frangin a déjà mis plein gaz. Deux minutes et 45 secondes plus tard, on a le cul posé à la terrasse du restau, une carte de bonheur dans les mains. On a envie de tout prendre, de tout tester, de tout goûter… avant de se souvenir que nous ne sommes qu’à notre 3ème jour de vacances, que la route est encore longue et semée de traquenards en tout genre. On est finalement restés sages de peur de devoir se nourrir exclusivement de soupe de nouilles chinoises tout septembre. Nous choisissons tous les deux la fameuse andouille chaude de Guémené accompagnée d’une saucisse de campagne, de pomme et de purée maison. Une petite régalade. On aurait voulu faire mieux on aurait pas pu. Le tout, bien évidemment accompagné d’une bouteille de cidre brut, du vrai pas comme l’autre truc, doux comme la neige.
🍴 Tavarn Ar Roue Morvan
1 Place Polig Montjarret
56100 Lorient
Le port et la base
de Kéroman
En début d’après-midi, on se casse sur la presqu’île de Kéroman, dans la rade de Lorient, découvrir son port de pêche et sa base sous-marine. Un complexe de trois bunkers construit par les boches. Ils permettaient d’abriter les sous-marins allemands des bombardements aériens anglais durant la bataille du mur de l’Atlantique. Bref, c’est pas marqué Franck Ferrand sur ma gueule alors je vous invite à rouvrir vos manuels ou à faire un tour sur wikipedia. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que du fait de la présence de cette base allemande, réputée indestructible, Lorient a subi d’intenses bombardements de l’aviation alliée, qui transforma la ville en vaste champ de ruines lors de sa libération.
Sachez, mes gaziers, qu’il est possible de parcourir en compagnie d’un guide-conférencier la base sous-marine pour quasi un kebab. Une visite de 1h30 pour tout savoir sur la construction, le fonctionnement et l’histoire de ce site stratégique, avec un accès au plus grand des bunkers, le bloc K3. Évidemment, avec le frangin, on était pas du tout au courant, du coup on s’est contenté du décor et d’une bonne dose d’imagination. On regrette quand même qu’il n’y ait pas la moindre information, le moindre panneau explicatif à l’extérieur de la base pour faciliter le parcours des visiteurs venus comme nous les mains dans les profondes.
📍Base Sous-Marins Keroman
56100 Lorient
Avant-match
au Cheyenne
Après la rade de Lorient, il est l’heure pour nous de découvrir les rades de Lorient. Faut dire que le tourisme Creuse et pas uniquement à Guéret. Alors après un petit tour en centre ville et une petite balade le long du port de plaisance où le Festival Interceltique a laissé quelques traces de son passage, nous nous calons au Pam Pam Pub afin de pouvoir enfin se mettre un peu de houblon dans la tronche. Des potes de la Divette (encore elle) nous rejoignent avant de filer tout près du stade Moustoir, là où les soirs de matchs, un bar se transforme en un véritable village d’irréductibles gaulois.
Quand on passe la porte du Cheyenne Café, on retrouve cette bonne odeur de promiscuité suante de tout bon rade de football. Il nous en fallait pas plus pour qu’on se sente comme à la maison. La déco et le mobilier sont là pour nous rappeler que le bar porte le nom d’une nation amérindienne des Grandes Plaines. Outre ses allures de Buffalo Grill, le Cheyenne est aussi connu depuis quelques années pour être le bar préféré de nombreux supporters du FC Lorient et le village de la tribu des Merlus Ultras, le groupe qui anime le Kop Sud du Moustoir depuis plus de 20 ans. Et ce soir, c’est la fête au village. Tout le monde a l’air ultras heureux de retrouver le chemin du stade pour la première ou deuxième fois de la saison, de retrouver son rade préféré en plein milieu des vacances d’été. Tout le monde porte les couleurs de son club de cœur et s’ambiance un grand coup de pintasse, en plastique bien sûr afin de pouvoir s’échapper à tout moment. Ce qui arrive sur les coups de 19h, quand d’un seul coup, nous nous retrouvons bien seuls accoudés au zinc. Un beau cortège se forme à l’extérieur pour faire les quelques mètres qui séparent le bar du stade. Nous finissons nos bières en entendant les chants de ces fervents supporters qui s’éloignent petit à petit de nous. On arrive les amis !
🍻 Bar Le Cheyenne
35 avenue jean jaures
56100 Lorient
Au Stade
du Moustoir
À peine rentrés dans le stade, le frangin découvre excité comme un chihuahua cocaïnomane que la bière servie est bien alcoolisée. Un étrange mélange de bonheur et de peur traverse alors ma tête déjà bien ravagée par les quelques grosses pintasses à 8% de l’avant match. Le frangin, de son côté, est tout heureux. Lui qui n’en a absolument rien à carrer du football, lui qui m’accompagne gentiment dans mon délire en plein milieu de nos vacances, trouve enfin un peu de réconfort et surtout d’intérêt dans cette soirée qu’il voit désormais comme un concert donné par 22 joueurs de foot.
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En pénétrant dans les travées et comme à chaque fois que je découvre pour la première fois un stade, je suis ivre de bonheur, bien heureux de découvrir enfin ce fameux Moustoir où mes seuls souvenirs étaient ceux des sièges oranges que je voyais à la télévision lors des retransmissions des matchs de Saint-Etienne. Je me souviens de ces gaziers qui crevaient l’écran par leur vitesse et leur talent, ces Darcheville, Feindouno et Tchiressoua Guel. Je me souviens surtout de cette Coupe de France remportée en 2002 face à Bastia avec un certain Rémi Gaillard sur le terrain. Bref, je suis tout heureux ce soir d’être dans ce Kop Sud, au beau milieu des Merlus Ultras, pour rajouter quelques images au tiroir orangé de mon énorme placard à souvenirs.
À la mi-temps, je pars
changer mon merlu d’eau
Pendant toute la première période, je passe mon temps à prendre en photo ce que le football a créé de plus beau, ces supporters qui chantent et vivent le match à leur façon, ces spectateurs qui deviennent acteurs du spectacle qu’ils créent chaque week-end dans leur tribune, pour remplir à la perfection leur rôle de 12ème homme, pour pousser leur équipe jusqu’à la célébration commune. Du coup et comme très souvent dans un stade, je perds très vite le fil du match, les oreilles braquées sur les chants et sur le rythme donné par les tambours, les yeux rivés sur l’ambiance et sur celui qui anime tel un chef d’orchestre sa tribune, un certain Floflo, 461 matchs au compteur et capo depuis maintenant 7 bonnes années.
Du coup, quand l’arbitre siffle la mi-temps, j’ai l’impression de ne pas avoir suivi plus d’une action du match. Mais d’un côté, elle tombe à pic, j’ai comme une grosse envie de changer mon merlu d’eau et de reprendre aussitôt de quoi troubler sa vision à nouveau. À la buvette, on commence à sympathiser avec quelques ultras et supporters, chose que nous n’avions pas eu le temps de faire au Cheyenne. Avec le frangin, on s’achète deux beaux gobelets à l’effigie des Merlus Ultras, en souvenir de cette belle soirée qui ne fait que commencer.
Trois petits oiseaux,
perchés tout là-haut
Au retour des vestiaires, la pluie s’invite à la partie. Et pas du genre brouollache, rapillie ou puchie. Non, une bonne décllavée me semble-t-il. Mais c’est pas ça qui va arrêter nos amis bretons qui dégainent leur k-way plus vite que leur ombre, alors que d’autres, plus décontractés, sont toujours torse-poils en tribune. À l’image de ce courageux agitateur de drapeau bravant la pluie animé par cette belle passion du football. Une centaine de personnes constitue le bloc ce soir, redoublant d’effort pour faire bouger cette Tribune Sud quelque peu clairsemée en ce lendemain de 15 août. Quel kif en tout cas de boire sa petite rôteuse en tribune tout en chantant cette bonne vieille chanson « j’étais saoul hier, je suis saoul ce soir et si tout va bien je serai saoul demain matin » que j’avais bizarrement mise aux oubliettes de mon répertoire de soirées.
Côté terrain, les Bretons sont moins séduisants que lors de leur première sortie au Moustoir contre le Paris FC. Il faut dire que leur attaque est amoindrie avec les absences de Bozok, Claude-Maurice et Hamel. Mais l’envie d’aller en avant, elle, est bien présente. Et à la 66ème minute, Jimmy Cabot fixe le gardien sochalien et repique rapidement dans l’axe avant d’enchaîner avec une frappe à ras de terre qui finit au fond des filets. 1-0 pour les Lorientais et belle explosion de joie en Tribune Sud. Au coup de sifflet final, les joueurs de Christophe Pelissier remportent leur troisième victoire de la saison et viennent la fêter avec leur public.
Troisième
mi-temps
À la fin du match, à bloc Jean-Floc’h, on suit le mouvement et on part pour un retour en fanfare au Cheyenne. ll est l’heure de célébrer cette victoire pour les Merlus. On est ronds comme des gâteaux bretons, chauds comme la Breizh, prêts à rentrer en crabe dans nos plumards. Mais voilà qu’on commence à nous offrir des shooters, qu’on est toujours pas certains d’avoir remis derrière. Une petite pensée toute particulière à nos verres achetés plus tôt à la table des Merlus Ultras oubliés tout comme nos cerveaux sur le zinc du rade. Merci Amélie !
Lorientgeles
et ses alentours
Au réveil, on a la carafe prête à exploser mais on a eu du goût comme vous dites, c’est l’essentiel. Quatre jus, six RedBull et deux kebabs à l’Istanbul Grill plus tard, nous voilà d’attaque pour visiter les alentours de Lorient. En pleine balade digestive, nous tombons par hasard sur les bâtiments de Naval Group dont Lorient abrite le pôle de conception et de production de navires de défense parmi les plus performants d’Europe, à l’image des corvettes, grande spécialité du site de Lorient.
Nous n’avons pas le temps de nous rendre à la magnifique Île de Groix, ni de nous détendre l’asticot à Larmor-Plage, nous jetons alors notre dévolu sur la charmante ville de Port-Louis avant de flâner sur la presqu’île de Gâvres à l’entrée de la rade de Lorient. On découvre le Fort de Porh-Puns et la magnifique Pointe des Saisis qui offrent une vue sur les différentes îles alentours, le long d’un chemin côtier qui traverse les blockhaus allemands. On prend le temps de les visiter guidés par nos flashs de téléphone et une petite dose d’adrénaline.
Notre visite s’achève comme elle a débuté, au milieu des traces laissées par la seconde Guerre mondiale. Nos vacances, elles, sont encore loin d’être terminées, nous avons, avec le frangin, encore toutes les plaines de la Bretagne armoricaine à découvrir, là où le vent souffle de plein fouet sur les hermines du drapeau breton. Bizh mes gaziers et kernavo ar wech all !
🍟 Istanbul Grill
5-7 Rue Edouard Beauvais
56100 Lorient
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