Cela faisait bien longtemps que je lorgnais du côté du nord stéphanois et plus précisément du côté de la ville de L’Horme. Cette ville, industrielle à ses débuts, me revenait à chaque week-end comme une idée fixe ne voulant se résoudre à partir. Il faut dire que son stade et son passé minier m’avaient tapé dans l’œil.
Je déambulais d’un pas rapide dans cette longue rue située au milieu de friches industrielles plus ou moins désaffectées. Les verres des fenêtres des usines rencontrées, inchangées depuis bien longtemps puisque cassés par endroit, me faisait revenir en arrière. L’odeur persistante de la graisse des machines embaumait l’air ambiant et constituait une belle mise en abîme avant le match auquel j’allais assister. Le Stade Claude-Escot, niché au pied d’un ancien pont, développait une aura populaire qui jurait un peu avec le côté moderne de son entrée. Pourtant, les buvettes ancrées dans les murs attenant à celle-ci et peintes aux couleurs de l’USH me conforta dans ma pensée du passé. Les odeurs de café et de bières vinrent réchauffer mes idées et mes mains froides. Il ne pleuvait pas, il faisait frais et gris et ce temps aurait dû plonger ces friches, ce stade, ce club au passé industriel dans une atmosphère délétère pour l’expérience footballistique. Bien au contraire, ces nuages denses assombrissant la couleur verte du terrain permettaient au lieu de nous faire découvrir son charme d’antan. Ou bien, la vision fantasmée d’un passé qui aujourd’hui nous passionne ?
Les arches du pont enjambaient un chemin tracé par le foulement des crampons des joueurs. Des buvettes, seul un banc de touche était visible. Passé l’édifice, le terrain se révéla aux yeux des quelques spectateurs venus voir et encourager leurs proches. Car oui, ici point de kop, point d’ultras, quoique les quelques pétards lancés par des gamins éveillaient en moi des souvenirs de supportérisme. Les chalands discutaient de tel ou tel club n’ayant pu débuter la saison faute de moyens alors que les acteurs passaient l’arche. Un retardataire, courant comme pour s’échauffer, passa devant les sourires amusés des quelques personnes présentes.
Sur le terrain, le football était vrai, physique, parfois même rageur. Mais ce football était avant tout le football provoquant le plus de plaisir. Pas de coups-bas, pas de simulations, quelques énervements mais surtout une authenticité rare que l’on retrouve uniquement dans ces divisions. C’est d’ailleurs cette authenticité qui m’a permis de capturer des scènes n’ayant pas leur place dans un monde professionnel. Je quittai le stade sans avoir entendu le coup de sifflet final ce qui me fit un peu culpabiliser. Les transports stéphanois… Toujours est-il que j’arpentai encore une fois cette belle avenue et me surprit même à développer une fausse nostalgie d’un passé fantasmé.
Photos argentique et texte de Robert.
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