Samedi 27 juillet, au lieu de pioncer devant la dernière grande étape du Tour de France, j’étais allé pendant quasi 24h au Mans, dans cette ville certes plus connue pour ses rillettes et ses poulets que pour son palmarès dans le football français, mais où j’étais certain de vivre une belle et grande aventure. Car, disons-le clairement, c’est souvent dans les petites villes que l’on vit ses plus beaux déplacements, que l’on fait les plus belles rencontres et que l’on garde les meilleurs souvenirs. Si j’avais déjà mis les pieds en parcage Léon-Bollée, à l’époque du MUC 72, je ne m’étais jamais rendu dans le nouvel écrin du Mans, au stade de la compagnie d’assurance sarthoise. Alors vu que Le Mans FC retrouvait le monde professionnel qu’il avait quitté en 2013 et qu’en plus de cela, il affrontait le Racing Club de Lens, j’avais pris mon appareil photo en main et j’avais foncé dans le premier train, histoire de découvrir Le Mans et de tester l’ambiance de la MMArena. Allez viens, je t’emmène au Mans, je t’emmène au dessus des gens.
Tourisme
au Mans
Il est 7h30 du matin quand je débarque à la Gare du Mans. J’ai dormi 4h, j’ai les yeux dans la graisse de bines mais je marche d’un pas bien décidé, curieux de découvrir ce que l’agglomération mancelle a de bien beau à m’offrir. Après une première prise de contact en remontant l’Avenue du Général Leclerc si calme et si déserte en cette heure bien matinale, je me pointe chez l’un de mes corres’ qui m’a gentiment convié à prendre certainement le seul et unique jus de chaussettes de la journée.
Stef a l’habitude de se rendre à l’étranger pour découvrir des ambiances et des stades qui le font rêver. Il se déplace chaque printemps depuis 3 ans à Thessaloniki, en Grèce, où il rend visite à des potes ultras. Des mecs de la Gate 10 de l’Iraklis mais aussi des gars de l’Aris et du Paok, autre clubs de Thessaloniki avec qui il entretient de très bonnes relations. Il a même convié son fils l’année dernière au voyage. Du coup, il a tellement l’habitude de se faire trimballer par ses contacts grecs que c’est avec plaisir qu’il devient aujourd’hui, guide du routard à son tour. Il m’emmène aux quatre coins de la ville, dans le cœur historique du Mans, où je découvre la Cathédrale Saint-Julien et la belle Cité Plantagenêt, candidate au Patrimoine mondial de l’Humanité. Puis, nous marchons le long de la Sarthe en direction d’un stade que les supporters manceaux ne sont pas prêts d’oublier.
📍 Cathédrale Saint-Julien
2 place Saint Michel
72000 Le Mans
📍 Cité Plantagenêt
Vieux Chemin du Mans
72100 Le Mans
Au revoir
Léon-Bollée !
Le Stade Léon-Bollée, je l’avais connu un certain 25 février 2006 en déplacement avec Sainté. Je m’en souviens bien parce que j’avais paumé mes binocles en craquant à l’entrée des joueurs. J’étais jeune et sans doute bien alcoolisé. Les Verts avaient remporté le match 1-0 sur un but de renard des surfaces d’Hélder Postiga. C’était l’époque des Piquionne, Feindouno, Camara, Zokora, Ilunga et des Matsui, Hautcoeur, Serdan et Pelé. Bordel, c’était il y a 13 ans.
Le MUC 72 évolua à Bollée jusqu’en 2011, avant de se renommer Le Mans FC et de déménager à la MMArena. Le stadio du quartier de la Madeleine pouvait accueillir plus de 17 000 spectateurs et portait le nom du célèbre inventeur et constructeur français. On parle quand même d’un gars qui a inventé une calculette mécanique révolutionnaire à 19 piges pendant que nous, au même âge, réussissions à peine à ouvrir une binche avec notre briquet. Aujourd’hui, les deux tribunes non-couvertes du stade, la tribune Auchan, qui accueillait les visiteurs, et la tribune Maine Libre, celle du Virage Sud, ont été démolies. On se croirait sur un ancien site olympique abandonné où la nature a repris ses droits de toute part. J’ai envie d’escalader les grilles, de faire un peu d’urbex sur l’asphalte de la tribune officielle ou d’organiser un énorme paintball entre copains. Mais le Stade Beaulieu, de son nouveau nom, disparaîtra bientôt à tout jamais. Il sera rasé en mars 2020 pour laisser place à un quartier d’habitation de 210 logements.
📍Stade Léon-Bollée
26 rue Claircigny
72100 Le Mans
Avant-match
au Tertre
Il est 11h quand j’attaque ma première binouze de la journée à la Brasserie Le Globe. Le match est à 15h, mieux vaut ne pas trop trainer des pattes. Stef me propose de retrouver quelques gars du Virage Sud Le Mans, l’association qui regroupe les sections historiques des supporters manceaux, à leur local. En arrivant, ils sont déjà dans leur bagnole, prêt à partir. Ils ré-ouvrent gentiment les lieux, histoire de trinquer tous ensemble au retour du Mans dans le monde professionnel. Ils m’offrent une belle satin en souvenir et me donne rendez-vous en tribune. Les gars sont pressés, y’a tifo ce soir !
À midi, il est l’heure de se foutre quelque chose dans le cornet. Direction La Rôtisserie, un restau près du stade qu’un contact du coin m’avait recommandé. C’est donc après m’être mis un bon quart de poulet dans le buffet que Stef me dépose au Tertre Rouge, théâtre de l’avant-match et surtout, seul et unique rade situé à proximité du MMArena. Sur place, je retrouve un autre de mes contacts, Ben, l’un des leaders des Vindunum Fans, groupe de supporters indépendants du club du Mans. Appareil photo en main, je me régale. Je capture tout ce qui bouge, vais de tables en tables, faire ce que je préfère: rencontrer des supporters. Je fais également la connaissance de quelques supporters lensois dont la très sympathique Elsa, co-fondatrice des Galiboys, groupe de supporters créé en 2004 pour rassembler les jeunes adhérents. Elle est venue avec son mari et leur fille. De bières en bières, je commence à être plein comme un cartable. Je fais une photo de l’équipe du Tertre et me rend seul dans cette drôle d’enceinte où nombreux sont ceux, comme moi, qui se pointent à 10 minutes du coup d’envoi.
🍻 Brasserie Le Globe
9 place de la République
72000 Le Mans
🍗 La Rôtisserie
Parc des Hunaudières
72230 Ruaudin
🍻 Le Tertre Rouge
Route de Tours
72000 Le Mans
Le Mans,
chaud devant !
En arrivant en Virage Sud, je suis bien frustré. J’ai loupé le tifo qui célébrait le retour en Ligue 2 du Mans. Une belle voile, « Retour vers la ligue 2 », déployée sur 4-5 blocs et inspirée du graphisme de Retour vers le futur. Elle représente aussi le fabuleux retourné acrobatique de Soro dans les dernières secondes du match contre le Gazélec d’Ajaccio. Geste fabuleux et décisif pour la montée. Je suis agréablement surpris par l’intérieur du stade qui a tout de même une sacrée gueule par rapport à l’extérieur. C’est agréable d’être aussi près du terrain, d’avoir une vue si dégagée et de pouvoir vivre le match au plus près des joueurs. Je retrouve vite les gaziers que j’avais abandonnés et rencontre Jérôme, un autre de mes correspondants et des leaders des indeps. Guide touristique dans une autre vie, il m’avait bien aidé à préparer ma venue et à me mettre en contact avec d’autres de ses relations.
Côté Virage Sud, le bloc des Worshippers, Fanatic’s et Firesnake est plutôt bien garni. Ça claque des mains et ça tente d’encourager au mieux les joueurs. Mais les chants ont un peu de mal à tenir. Aujourd’hui, il sera malheureusement difficile de rivaliser avec l’armada qui leur fait face (cf Fiers de Lens, mon aventure au Pays des corons). Côté terrain, Le Mans prend les devants. Les hommes de Richard Déziré sont bien plus entreprenants. Et à la 33ème minute, Moussiti-Oko ouvre le score sur une belle frappe à ras de terre. Beau chaos et belle traditionnelle petite descente sur les mecs du premier rang.
À la mi-temps,
la buvette est en loges
À 5 minutes de la mi-temps, Jérôme me demande de le suivre pour une bière. Sans trop comprendre ce qu’il me raconte, n’ayant vu aucune buvette en rentrant en tribune, voilà qu’on se retrouve à monter en supérieur, dans des sortes de loges où il devient subitement possible de se ravitailler. Sur les tables, des rillettes nous attendent. J’ai un peu de mal à capter ce qu’il m’arrive, faut dire que je ne m’attendais pas à un si beau comité d’accueil. À cet instant, la gueule pleine de tartines de rillettes, je suis certainement le plus heureux des hommes. Nous ne sommes pas les seuls à connaître le filon. Dès la mi-temps, la buvette est prise d’assaut et tout le petit monde que j’avais croisé au Tertre et dans les travées du stade se retrouve autour de ma table. J’ai l’impression d’être d’ores et déjà en 3ème mi-temps.
Au retour des joueurs, je ne suis pas bien pressé de reprendre place en tribune. J’ai juste envie de profiter au maximum des avantages qu’offre cette buvette. Du coup, je commence à commander mes bières par trois, réalisant une fois en main, qu’il n’y a plus personne autour de moi. Tant pis que je me dis, ces trois petites sœurs feront bien des heureux ailleurs. Je profite de ce nouvel angle de vue pour finir ma 2ème péloche et m’élance dans la mission retour à la case départ, en tribune avec mes nouveaux copains. À l’heure de jeu, Lens commence à aller au charbon et sur une bonne action en passes courtes, Robail adresse un centre à ras de terre pour Sotoca. Égalisation des Lensois et grosse explosion en parcage. Acculés physiquement, les Manceaux finissent par craquer en fin de match sur un but de Chouiar après un beau travail de Banza sur le côté gauche. 2-1 pour Lens, coup de sifflet final.
Fin de match,
châtaignes,
et auto-stop.
À la fin du match, il a beau être 17h à ma montre, j’ai l’impression qu’il est 4h du mat’ dans ma tête. Je tente difficilement de suivre les quelques tronches que je connais pour retourner au Tertre Rouge. Sur place, l’ambiance calme et festive de l’avant match se transforme très vite en javanaise quand une vingtaine de Lensois s’invite à la fête. Évidemment, pas pour commander un jambon-beurre. Ça s’échange quelques cartes panini entre supporters des Sang et Or sous les yeux ébahis des lambdas qu’étaient tranquilles, qu’étaient peinards, accoudés au comptoir.
Devant cette belle corrida, je décide de m’en aller. J’ai aucune idée d’où se trouve la gare et je commence à devoir fermer un œil pour lire les messages de ma blonde. Elle semble s’inquiéter de ne pas avoir eu de mes nouvelles depuis bientôt 6h. Je fais du stop pour qu’on m’amène à la gare ou plutôt mon pouce fait du stop pour me ramener à la gare. Au bout d’une vingtaine de minutes, une voiture s’arrête enfin. Sabrina, encore merci milles fois. Grâce à toi , je suis arrivé à la gare avec 1h30 d’avance.
Cet article vous a plu ? Pour être tenus informés de mes prochaines aventures-foot, rejoignez-moi sur facebook, instagram ou twitter !