Samedi 26 octobre, tel Astérix chez les Helvètes, je partais pour une nouvelle aventure au pays du frometon fondu et du chocolat, à la découverte des montagnes enneigées et des plaines verdoyantes de la Suisse. Mais si j’ai fait ces quelques heures de route avec le frangin, ce n’était pas pour y cueillir l’eldeweiss, cette fleur des montagnes dont Panoramix a besoin pour préparer une potion, mais bien pour vivre un match explosif du football helvétique, le derby du Rhône entre le FC Sion et le Servette Genève, entre les deux frères ennemis du football romand.

 

Un derby romand qui
s’annonce chaud bouillant

Il est un peu plus de 16h quand nous débarquons dans la capitale du Valais, dans cette ville de Sion entourée de montagnes qui semblent faire barrage aux nuages, dans cette ville qui est même considérée comme la plus ensoleillée de Suisse. Si nous pensions avoir le temps de monter aux sommets de ses deux collines, dans les forteresses de Tourbillon et Valère, emblèmes de Sion, nous nous contentons de nous rendre sur la Place du Midi, une grande place au centre de la ville remplie de bars et de cafés où tous les supporters Rouge et Blanc ont l’habitude de se retrouver. Le match est à 19h, alors autant s’ambiancer et prendre la température de ce derby romand qui s’annonce chaud bouillant. Il faut dire que les Servettiens font leur grand retour à Sion après 6 ans d’absence, 6 ans passés dans les divisions inférieures du championnat suisse.

À 17h30, après avoir goûté à la douceur de quelques chopes de bières ainsi qu’à l’ardeur du coût de la vie suisse, nous rejoignons le stade de Tourbillon situé à deux-trois clopes à pied. Nous retrouvons l’un de mes contacts et ses amis avec qui nous pressons le pas pour trouver de bonnes places en Gradin Nord, là où les différents groupes de supporters de Sion chantent à l’unisson. Je découvre alors ce stade où un peu plus de 11 000 spectateurs sont attendus ce soir, cette belle tribune populaire et ce folklorique système de boites à chaussures. En effet, nous ne tardons pas à comprendre que les Valaisans sont assez portés sur la binouze. Ce qui bien sûr est bien loin de me déplaire. Alors pour éviter d’aller se ravitailler en cours de match et en louper quelques miettes, les supporters commandent leurs bières par multiples de 2 et les emportent dans des boites à chaussures fournies par les buvettes. C’est en nous faufilant dans les travées que nous prenons réellement conscience du schmilblick. Il est indispensable de regarder où nous foutons les pieds tant nous avançons dans un terrain miné de binches.

 

Au nom du père, du fils
et de Tourbillon

Ce soir, les différents groupes du Gradin Nord se sont unis pour réaliser un bon gros tifo à l’entrée des joueurs. Trois mois de travail ont été nécessaires entre le décalquage et la peinture, pour un résultat plus que réussi et un message plutôt clair : l’amour du Tourbillon et du FC Sion se transmet de père en fils et de générations en générations. L’arrivée tardive des supporters Genevois bloqués dans le train à Renens, ouvre officiellement le bal et rappelle, ô combien, que le spectacle du soir se trouve en tribunes où tous les ingrédients d’une bonne soirée de football sont réunis. Les banderoles injurieuses qui affluent de chaque côté, les chants élogieux contre l’adversaire qui résonnent un peu mieux, les épaisses fumées de fumigènes qui tardent à se dissiper sur la pelouse et une tribune qui tremble sous nos panards. Bref, je suis aux anges. Qu’il est bon de découvrir de nouveaux chants, de tendre l’oreille pour tenter d’en comprendre les répliques. Qu’il est bon de vivre ces matchs dans le poumon du football, dans ces tribunes populaires où, libérés de la tutelle des ainés et du carcan conservateur de la société, les jusqu’au-boutistes du supportérisme vivent leur passion à fond les ballons.

 

3ème mi-temps
à la raclette

Côté football, pas grand chose à dire et pas grand chose à voir de toute manière. Le derby romand accouche d’une souris, Sion et Servette se séparent dos à dos. J’en profite pour aller saluer un des groupes de supporters avec qui j’étais en contact, qui me font l’honneur de m’offrir un bon paquet de sticks, puis nous prenons, avec le frangin, la direction des buvettes pour boire la monnaie de toute cette pile de verres consignés. En sortant du stade, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Nous filons dans un drôle d’endroit, dans l’espace « hospitily » du FC Sion, un bâtiment ouvert à tous où beaucoup de supporters viennent refaire le match autour d’une bonne raclette (2,5 CHF la pomme de terre et le morceau de fromage fondu). Quelle régalade !

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Réveil en pleine
montagne

La soirée, aussi fou que cela puisse paraître, se termine dans un chalet de montage, à quasi une heure de temps de Sion tant le trajet semble interminable. Nous sommes à quelques minutes de la station de Nendaz, au cœur du plus grand domaine skiable de Suisse, celui des 4 Vallées. Mon contact nous avait promis le gîte ainsi qu’une bonne fondue valaisanne au réveil. Il avait juste omis de mentionner que nous finirions à 5h du matin, les cheveux gras et les tronches bien biturées. C’est donc avec la fâcheuse impression d’avoir perdu quelques minutes d’espérance de vie que nous reprenons la route le lendemain, après nous être rempli la brioche tel le Monstre du Valais. Notre aventure au pays des Helvètes se poursuit jusqu’au canton de Fribourg où du fromage fondu, encore lui, nous attend à Gruyères.

 

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Samedi 2 novembre

 

Date26 octobre 2019
PhotographeGustave
VilleSion
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