« On n’est pas d’un pays mais on est d’une ville » chantait Bernard Lavilliers passé un temps au sujet d’Sainté. Ce fort attach’ment à l’histoire et aux coutumes d’cette ville, cet espèce de militantisme local également très présent dans la mentalité ultra, se retrouve même dans la binouze du côté du Forez. En effet, un d’mi-siècle après la fermeture d’sa toute dernière brasserie, trois garagnas ont fait r’naitre l’art brassicole pour tous les amoureux d’roteuses artisanales ! En bon gaga que j’suis, j’ai chaussé mes grolles et j’ai fait mon petit viron le jour d’la Saint Pat’ au local d’la Brasserie Stéphanoise. L’endroit où sont fabriquées, d’puis deux piges, des bières made in Sainté !
Il est 3h de l’aprem quand Benjamin et Pierre-Luc nous accueillent, Benoit et moi, dans leur brasserie située dans l’quartier de Bellevue, au dessous du bahut Honoré d’Urfé. Je crois qu’la dernière fois que j’ai trainé mes larpions dans ce coin là, j’avais 20 piges et je couratais encore comme un merlan frit derrière ce foutu BAC. Aujourd’hui, j’peux t’dire que j’y suis pas allé à cacasson mais par amour d’la mousse ! Cette fabrique à binches est située dans l’ancienne bâtisse d’une grosse brasserie industrielle stéphanoise du 19ème siècle, la brasserie Mosser, qui d’viendra par la suite la Société des Brasseries d’la Loire. Le logo « BL » en fer forgé est encore là sur un mur pour nous l’rappeler. Des fois qu’on oublierait qu’à Sainté, il y avait pas qu’les armes, les cycles, la passementerie et les mines. On y fabriquait aussi des millions de litres de binouzes chaqu’année !
Aujourd’hui, derrière le comptoir d’la « Brasserie Stéphanoise » on trouve Yohann Fournier, Benjamin Valentin et Pierre-Luc Jourjon, des bons garagnas, amoureux d’Sainté depuis tout matrue mais surtout grands fans de bières qui rêvaient d’faire d’leur passion leur métier. Le premier gère le Soggy Bottom, qui est d’venu au fil des années le plus grand canit à mousses de Sainté. Le boit debout où on y écluse le plus de georgons d’la ville ! En 2009 déjà, il avait ouvert une cave à binches baptisée la Houblonnerie où il élaborait ses premières recettes de binouze sous le nom « la Glütte ». Il gère également une activité de distribution de fûts et location de tireuses à bière pour le milieu associatif et les événements culturels.
Juste à côté, Benjamin Valentin et Pierre-Luc Jourjon dit « Jonjon » (ci-dessous) ont fait leurs armes brassicoles en fondant l’association « Copains chopines » dans un ancien boulodrome transformé en lieu d’brassage, de dégustations et d’événements. Ils sont aujourd’hui en charge d’la gestion et d’la production à la Brasserie Stéphanoise.
Après nous avoir fait visiter les lieux, présenter les fermenteurs qui permettent de produire 60 000 litres de bière par an, l’heure tant attendue arrive, celle qui m’aura fait sortir d’la téloche un jeudi aprem en pleine enquête du commissaire Maigret : la dégustation d’cette fameuse binouze made in Sainté ! J’ai eu le droit à La Manu, foua nom de night, une bonne blonde à l’amertume légère et à la fraîcheur fort agréable. Après quelqu’minutes de plaisir malté et houblonné, il est temps pour nous d’laisser nos deux gaziers. Le Benjamin et Le Jonjon doivent aller au charbon en c’jour de Saint Pat’.
Sache mon b’let que les binches d’la Brasserie Stéphanoise sont à retrouver au Soggy Bottom et également les soirs de match Au Gaga Burger, côté Sud, le r’père d’nombreux supporters d’cette tribune. Voilà mon grand, t’sais maintenant où aller pour faire la pampille avec d’la bonne mousse d’chez nous et qu’il est possible d’jouer les lermuses pas seulement avec d’la Kro ou d’la HK !
La Brasserie Stéphanoise
11 bis, rue Buffon 42100 Saint-Etienne
Ouverte au public: vendredi et samedi de 14h à 18h30.
Photos: Ben Roche