Comme très souvent pour les matchs des verts depuis que je suis de retour sur Paname, je vais chez Sergio, à la Divette de Montmartre. A l’occasion de la dernière rencontre de l’ASSE contre le PSG, le coq sportif avait organisé un petit événement populaire et bon enfant (cf LCS Football Club à la Divette). Alors c’est clair que la petite Divette avait des allures quelque peu inhabituelles, les demoiselles et les barbus étaient plus nombreux qu’à l’accoutumée, la décoration un peu surfaite mais dans l’ensemble l’ambiance était plutôt bonne. Petit compte-rendu d’un dimanche très arrosé où le PSG a joué sans pitié face aux ptits b’lets de Sainté.
A l’occasion de cet événement le coq sportif avait convié cinq de mes amis stéphanois des Joz à monter à la capitale pour encourager les stéphanois à la Divette. Un bel hommage du coq au fameux chant : « les stéphanois montent à Paris pour ****** le PSG ». Comme de toute manière la moitié d’entre eux est au chômage et qu’il n’y avait pas de kermesse ni de cousinade de prévues, ils n’ont pas hésité une seconde pour aller respirer l’air pollué de la capitale le temps d’un petit weekend entres couilles. L’occasion de profiter encore un peu de leurs vacances prolongées et de voir autre chose que leur petite cité minière.
J’ai compris l’erreur du coq dès que je les rejoins dans le train. Ils étaient déjà à poils devant le bar du TGV en hurlant « On veut de la bière bande de bâtards » alors que le train n’était pas encore parti. Maxence trouvant plus « urbain » de causer avec la serveuse avec un mégaphone. Nous sommes arrivés Gare de Lyon à 18h14, Bruno a trouvé malin d’allumer un fumi dans le Hall de Gare en hurlant « Paris, Paris on t’….. *» (*t’apprécie évidemment). Ils étaient tous les 5 déjà bourrés comme des coings et Maxence ne s’exprimait plus qu’avec un seul doigt. Nous arrivâmes à l’hôtel, là ils s’écroulèrent dans le hall d’entrée et le bagagiste vint, un à un, les monter dans leur piaule. Je ne les revis pas jusqu’au lendemain.
Lorsque j’arrivais à l’hôtel pour les emmener au match, Jérémy et Bruno tentaient de faire rentrer un petit veau de lait encore vivant dans le micro-onde de la salle du petit déjeuner tandis que Maxence montrait à un couple de retraités comment on peut faire toutes sortes d’animaux exotiques avec son sexe. Je rassurais la sécurité et payais pour tout le groupe, Maxence ayant sorti une carte téléphonique et son abonnement STAS pour régler sa piaule ! Je ne leur posais aucune question, leurs yeux injectés de sang n’incitant pas non plus à une conversation approfondie. Sachant que les mecs n’avaient aucune envie de visiter Paris et aucune envie de se faire toucher les fesses par des frotteuses de parisiennes dans le métro, on a pris un taxi. Michel sortit une bouteille de Clan Campbell dont il but la moitié en moins de 10 minutes sans dire un mot ! Etant donné que nous étions en avance, on est allé dans une petite brasserie pour se restaurer. Enfin nous restaurer c’est vite dit. Ils commandèrent tous une quenelle et une pinte. Lorsque le serveur arriva avec la quenelle, ils se la jetèrent à la tronche en se disant « Oh t’aimes ça les quenelles sale Lyonnais » (suivi de rires aussi légers qu’une commode Louis XV sur la patte d’un chaton) puis burent chacun leur pinte cul sec et ils en recommandèrent sans jamais s’arrêter.
Ensuite, pour changer d’ambiance, je leur ai proposé d’aller s’en jeter quelques unes chez les Niçois. Un bar à pétanque où tu te sens presque comme à la maison. Il manquait juste un petit méchoui pour se sentir dans une bonne fête de famille d’été. Les serveuses avaient un beau teint hâlé et un petit accent du sud, c’est vraiment un endroit parfait…enfin normalement ! Mes amis stéphanois ne disaient pas un mot. Je leur proposais de boire « ma » tournée mais tous déclinèrent en regardant leurs pompes. Quand nous sortîmes je leur demandais ce qui clochait, ils me répondirent « C’est quoi cet accent de merde ?!!! ». J’étais scotché ! C’est un peu comme si une femme de 112 kilos pour 1m54, habillée en mini-jupe et t-shirt moulant te disait « Oh mais elle a pas honte celle-là avec son gros cul !! » en regardant l’émission de Valérie Damidot !
Plus tard, je leur ai aussi montré le Canal Saint-Martin-la-Plaine. Ça ne les intéressa pas non plus et Jérémy tenta même de tuer un canard avec un tesson de Valstar. « Quand c’est qu’on se la colle vraiment parce que ton furan parisien c’est vraiment de la merde ? » me dit alors Bruno qui tentait de mettre le feu au sweat à capuche vert de Maxence ! Bref, je les emmenais fissa à la Divette pour s’en mettre ras la feuille et pourquoi pas, regarder le match ! Pour ce faire, nous avions pris des putains de vélibs pour se rapprocher du sacré cœur. Mauvaise idée ! Les mecs ont suinté tout leur gras de kebab en deux coups de pédales. En route 2 des vélibs ont fini dans le Canal et lorsque nous arrivions enfin en haut avec la plus belle vue sur Paname, aucun des stéphanois ne jeta un regard au panorama, ils se contentèrent d’uriner sur les 3 vélos restant en lâchant quelques perlouses d’encouragement pour les Verts ! « Allez on bouge de là, moi quand je vois pas les crassiers, ça me fout la lourde ».
Direction la Divette. On était six mais le cortège avait de la tronche, on arborait tous majestueusement nos maillots offerts par le coq. Quelle fierté de porter le nom de ma mutuelle sur le ventre. On s’échauffait la voix, mes potes révisaient les classiques pour ne pas se faire prendre pour des touristes par la clientèle d’habitués. Le coq avait fait les choses à fond, les ballons, les maillots, les jupes et les drapeaux étaient de sorties, le staff de la marque était là et jouait le jeu pour soutenir ce partenariat. A une demi-heure du début du combat les premiers chants claquèrent et résonnèrent jusque dans les chiottes de Sergio. Mais il manquait quelque chose, un brin d’étincelles, un brin de folie, il manquait aussi le « noyau dur » de la Divette. Quelques minutes plus tard et dès le coup d’envoi ça commençait à s’activer. Pas besoin de demander à Serge de payer sa tournée, ce soir là c’était le coq qui régalait. Du coup, on avait bu comme des pochtrons, on s’était improvisé capo le temps d’une soirée, on avait tourné le dos au match, on avait rien vu du match, on s’était pris une grosse branlée mais on s’était bien amusé. A la fin de l’affrontement, Serge payait sa tournée de verveine du Velay puis nous demandait de rentrer chez nous. L’occasion parfaite pour entonner un nouveau chant : « pas de logement, pas de boulot, tout ce qui nous reste, c’est le bar à Sergio ». Les stéphanois ne parlaient plus, ils n’émettaient que des borborygmes dont on devinait qu’ils étaient un juron envers les lyonnais, même si ce n’est pas contre Lyon que St Etienne jouait ce soir-là mais bien contre le PSG ! Les 5 dormaient les uns sur les autres au milieu de la rue et Bruno qui était le plus en dessous tentait désespérément de rouler une pelle à un écureuil éventré qui jonchait à 5 centimètres de lui…
Bref, une formidable soirée et je dois dire que l’ambiance du match fut plus que correcte au fil de la partie malgré le score. Des bons délires et des belles poussées mais il est clair qu’à un moment donné, on a manqué d’un peu de répondant sur la pelouse pour envoyer la meilleure vocal de la Divette. Pour finir, on n’a pas peut-être pas d’Ibra ou un stade garni de l’élite intellectuelle européenne, on ne sait peut-être pas lire ni écrire, on a peut-être pas tous un travail… Mais on a des valeurs et un putain de bar en plein milieu de paname… Alors si t’aimes un tant soit peu le foot populaire, celui dont ton père t’a parlé, n’hésite pas à passer… Je te payerai une bière et te ferai comprendre pourquoi c’est bien mieux de supporter un des derniers bastions du foot populaire français qu’un nouveau club qui joue la ligue des champions sans une miette d’âme !
Article écrit en collaboration avec Les Joz.
Photos: Benoit Roche.
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