Dimanche dernier, les supporters marseillais faisaient honneur à leur réputation de public bouillant. Leur excès de ferveur et de passion aura entrainé 20 minutes d’interruption de match. Si certains supporters ont un peu exagéré en envoyant des binouzes en verres et des fumis sur la pelouse, d’autres ont carrément pété les plombs puisque plus de 147 boulettes de papier ont été retrouvés au pied des CRS. Bref trêves de balivernes, à La Buvette on retiendra surtout un match incroyable avec une ambiance à l’ancienne, populaire et bouillante, où les supporters par leur folie ont certainement permis aux leurs de trouver la force d’égaliser. Et ce n’est pas Pascal Olmeta ou Lionel Tonini, fondateur et capo des Yankee de 1987 à 2010, qui diraient le contraire. Des anecdotes et des récits, Lionel en a rassemblé sur 172 pages dans son bouquin Droit au virage sorti le 13 Mars 2015.
Pour résumer ce livre, quoi de mieux que les mots de Michel Hidalgo pour commencer cet article. Manager général de l’OM de 1986 à 1991, il aura usé de son pouvoir pour que les Yankee prennent vie dans le Virage Nord. « Pour Lionel, le football ne se réduit pas à un simple jeu de balle. L’OM est plus que cela et, comme il le dit si bien, le club olympien symbolise un lieu, une culture. Quand les supporters déploient les couleurs de Marseille, vos poils se hérissent et un frisson vous paralyse doucement la colonne vertébrale et, enfin, une boule vient vous nouer l’estomac. Le club olympien a rythmé la vie de notre Lionel, et le vrai déclic a eu lieu en 1986, quand il a eu envie de devenir un supporter, et le culot de sa jeunesse a séduit ».
L’histoire débute réellement en 1987 lorsque trois potos du lycée Victor Hugo, dans les quartiers Nord de Marseille, décident de créer un groupe de supporters pour animer le virage Nord, comme le font déjà les Commando Ultra, fondés en 1984, au virage Sud. Pendant 23 ans, Lionel sera à la tête de ce qui deviendra l’un des groupes références du mouvement avant de laisser le micro à son frère Michel en 2010. En manque de sensations et à l’occasion des 25 ans du groupe, en 2012, Lionel a eu envie de replonger dans ses souvenirs et dans sa vie vécue intensément auprès de sa famille Yankee.
Après deux ans et demi de travail, aux côtés du rédacteur Michel Caire, Lionel sort son bouquin, intitulé Droit au virage qui s’inspire bien évidemment de la devise Droit au but de l’OM, et qui nous plonge au cœur des grandes heures du club. Il raconte de nombreuses anecdotes lors de ses multiples déps afin de traduire cette atmosphère de fièvre et de passion dans laquelle beaucoup se reconnaîtront au fil des pages. Il se souvient bien sûr de la victoire contre le Milan AC en 1993 et de leur périple de 20 heures pour arriver en Allemagne. Il se souvient aussi avoir pris une douche en calebar sur l’aire de repos après avoir été aspergé de champagne dans le car lors de ce même dép. Il évoque également le drame de Furiani, le 5 mai 1992, les deux saisons en D2 au milieu des années 1990, les titres nationaux de l’ère Tapie, les violences de supporters croates en 1999 ou encore la finale de Coupe UEFA perdue en 2004…
« Le lecteur a l’impression de converser avec Lionel sur un bout de comptoir du bar « Le Bretagne », le repaire des Yankee à La Joliette durant de longues années, un verre de Ricard à la main. Au travers de nombreuses anecdotes, le livre raconte aussi l’OM, plus qu’un club de football, un véritable phénomène de société dans la cité phocéenne » résume Les Nouvelles Publications.
Droit au virage est un bouquin au récit léger et sans prétention qui transpire le football populaire cher à La Buvette. Teinté d’émotions et de nostalgie, il nous offre surtout un retour et un voyage dans le mouvement ultra des années 90, pas si lointain pourtant mais à des années lumières de ce qu’on connu les supporters de la « génération Sup’Mag », comme on les appelle dans le milieu.